14.12.06

Vraie Fiction!

Première incartade au programme fiction... quoique...

La réalité journalistique nous offre une vraie-fausse fiction digne d'Orson Wells.

Pour + d'info voir mon autre blog.

13.12.06

Au commencement... #4

La lumière miroitait sous les rayons ardents de l'heure la plus chaude de la journée.
Les ombres des bâtiments ravagés étaient courtes, à peine existantes. Des volutes de fumée noire s'élevaient paresseusement de-ci de-là, derniers vestiges de véhicules trop lents pour les tireurs embusqués.

Allan se fit tout petit derrière le pan de mur.
Il essuya ses mains moites de sueur sur son treillis et serra les poings sur son arme. Il essaya d'estimer le nombre de coups tirés de part et d'autre.
"Voyons: une rafale par-ci, un coup par-là, un roulé-boulé, une rafale, un bond en arrière, un arrosage généreux et un sprint jusqu'ici." Pendant l'échange il avait fait de son mieux pour suivre et compter les détonations mais maintenant il avait un doute. Et il n'aimait pas la sensation qui découlait de ce doute. Un crispement des muscles, un noeud dans les tripes, une boule dans la gorge. Il avait les foies et il avait horreur de ça. La peur pouvait être une alliée si on arrivait à la refiler à ses adversaires, mais quand elle vous tombait dessus, les choses se compliquaient dangereusement.
Allan retint sa respiration et tendit l'oreille, à l'affut du moindre bruit. A part le grondement de la canonnade et le staccato d'armes automatique au loin, rien qui se détachât de ce fond sonore dans son environnement proche. Il déglutit difficilement et fit son possible pour écarter la peur à grand coup de pensées positives:
"Bon jusqu'ici tu t'en es plutôt bien tiré, y a pas de raison que ça change. Respire un bon coup. T'es le meilleur de toutes manières, c'est pas deux ou trois blanc-becs qui vont te coincer. Pas vrai?" ... "Je m'en suis plutôt bien tiré? Mieux que le reste de l'équipe en tous cas. Le meilleur? Ouais y a pas à dire, mais alors comment je me retrouve dans cette situation merdique! Deux ou trois blanc-becs, deux ou TROIS? Putain de merde!"
Allan s'ébroua mentalement. Cette dispute intérieure n'allait pas faire avancer les choses. Il fallait agir. Se bouger de là, trouver les méchants et leur régler leur ardoise vite-fait bien-fait. Proprement.
"Ok on va faire ça comme à la parade."
Il fit coulisser la culasse de son arme et vérifia qu'une balle y était bien engagée. "Déjà une bonne chose." Il lança une pierre le plus loin possible dans les gravas sur sa droite. Un déluge d'acier en tir croisé réduisit la zone d'atterrissage de la pierre en menu gravier.
"Pas malin ça mes deux amis. Maintenant tonton Allan sait où vous trouver!"
Il se ramassa sur lui même et se prépara à bondir hors de sa cachette. Au moment où il déclenchait le mouvement et s'élançait, un relent de peur lui revint en pleine face :
"Et le troisième?"

Au commencement... #3

Phil était assis dans la semi obscurité de son antre.
Le rougeoiement de l'extrémité incandescente de son cigare fit apparaître son reflet dans la verrière du poste de pilotage.
Il y surprit l'éclat de son propre regard et soupira, exhalant un long nuage de fumée bleutée qui s'envola en spiralant vers les bouche d'aspiration du plafond. D'une pichenette il fit tomber les cendres dans le cendrier fixé sur son accoudoir et fit un tour d'horizon des différents écrans qui l'entouraient. Tout semblait normal, "nominal" comme on disait à l'académie et dans le milieu un peu trop rigide à son goût des pilotes assermentés. Il regarda les chiffres défiler sur le compteur qu'il avait démaré au moment de la mise en orbite.
"Ok, je te donne encore dix minutes et je me tire d'ici."
Il tendit le bras vers le verre qu'il avait posé sur le tableau de bord. Les glaçon tintèrent légèment. Un bruit incongru pour un lieu pareil, mais ce genre de considération ne le touchait pas. Il y avait bien longtemps que Phil avait édicté ses propres règles à bord. Il huma le nectar, en prit une gorgée et sourit. "Décidément ce Ouisky de contrebande vaut largement son prix."
Un voyant s'alluma sur une des consoles, nimbant la cabine d'une aura verdâtre.
"Il était temps" dit Phil à haute voix.
Il reposa son verre, enferma son cigare encore allumé dans le compartiment prévu à cet effet et se leva.

11.12.06

Au commencement... #2

C'était le crépuscule.
L'heure ou le jour s'en va laissant la place à sa soeur la nuit. La lueur tombante de l'astre lunaire nimbait les arbres d'une aura presque maléfique.

Bren secoua la tête pour chasser de son visage et de ses yeux la sueur qui l'avait innondé pendant cette course effrénée. Il s'efforça de reprendre le contrôle de sa respiration essouflée. Son coeur battait la chamade et les pulsations qui résonnaient à ses oreilles l'empêchaient de discerner les bruissement de la forêt.
Il s'adossa au tronc noueux d'un vieux chêne et se laissa lentement glisser sur les talons. Il expira longtemps et calmement, à l'écoute de son corps qui se calmait maintenant. Il regarda sur sa droite le sentier qu'il avait suivi pour parvenir jusqu'ici. Ce dernier sinuait au milieu des arbres sur le flanc de la colline. En bas une rivière étalait ses méandres dans les prés. De l'autre côté du cours d'eau la clairière s'étendait sur une petite distance avant de laisser place à une forêt insondable.
Bren scrutait le décor. Assoifé, il chercha sa gourde, mais il l'avait perdue en même temps que sa besace. Dépité, il reporta son attention sur le chemin parcouru et se figea lorsqu'un hurlement bestial déchira la nuit. Il crut discerner un mouvement à la lisière des arbres.
Il devait se remettre en route, il le savait. Il fallait partir immédiatement, fuir le plus vite possible. Mais ses jambes ne lui obéissaient pas. Il restait là, immobile. Comme pétrifié par les dernières heures qu'il avait vécu.
Une branche craqua là-bas et comme si ses jambes n'avaient attendu que ce signal, comme s'il avait eu besoin de cette confirmation, il se redressa aussitôt et reprit sa course.

8.12.06

Au commencement... #1

"Ce matin la lumière du jour avait un je-ne-sais-quoi d'étrange."

Les choses suivaient leur cours comme de juste. La vie entrainait ses acteurs vers la scène qui leur était attribué pour la pièce du jour.

Alice entra dans le bureau et s'assit sans attendre qu'on l'y invite. Son vis-à-vis, de l'autre côté de la surface boisé encombrée de l'attirail du parfait directeur des ressources humaines, détourna les yeux de son écran et la regarda étonné.
- Je ne m'attendais pas à votre visite Mademoiselle Garcia. Que puis-je faire pour vous?"
- Je ne suis pas sûre que vous puissiez réellement faire quelque chose pour moi, mais j'espère que vous pourrez faire ce pour quoi vous êtes payé Monsieur Durand."
La voix calme et posée d'Alice déstabilisa son interlocuteur.
- Heu... je ne suis pas sûr de bien comprendre. Mais si vous pouviez m'expliquer, je me ferais une joie de vous aider. "
- Et bien j'aimerais que vous me trouviez une affectation qui conviendrait mieux à mes compétences. A mon poste actuel, j'ai l'impression de ne servir à rien et de ne faire que de la figuration."
- Vous m'étonnez Mademoiselle, les dernières évaluations que j'ai reçues de votre supérieur étaient très positives, pour ne pas dire élogieuses. J'ai l'impression que Monsieur Carmain vous apprécie et a des vues pour votre avenir."
C'était au tour d'Alice d'être désarçonnée. C'était bien la dernière chose à laquelle elle s'était attendue. Cet enfoiré de Carmain l'appréciait? Elle?
Sentant son trouble, Durand poursuivit :
- Si votre visite m'étonne, c'est uniquement par son côté précipité. J'allais bientôt vous convoquer pour discuter avec vous de ces évaluations et de ce que cela peut augurer pour vous."
- Attendez une minute! l'interrompit Alice. Vous êtes en train de me dire que Carm... que Monsieur Carmain a une bonne opinion de mon mon travail et de moi-même?"
- Et bien oui Mademoiselle Garcia c'est effectivement ce que j'essaye de vous..."
- Mais alors pourquoi il ne m'en a rien dit? Pourquoi les seules critiques que j'ai eues de sa part étaient d'un sexisme totalement déplacé dans notre job?" Alice s'emportait. "Pour quelles raisons m'a-t'il toujours refusé un poste sur le terrain s'il juge mon boulot si bon!? Je suis à deux doigt de vous balancer ma démission Monsieur! Alors j'aimerais qu'on arrête de jouer avec moi comme si j'étais une petite fille qui n'a pas sa place dans la cour des grands garçons!"explosa t'elle.
Un silence pesant suivit.
Durand se racla la gorge tout en se redressant sur son siège. Il tripota un instant son noeud de cravate, essayant de retrouver sa contenance mise à mal par cette femme qu'il considérait comme une petite pimbêche arrogante.
- Ecoutez-moi s'il vous plait Mademoiselle. Je crois que tout ceci n'est qu'un malheureux malentendu qui peut s'expliquer. C'est ce que je me propose de faire maintenant." Il la regarda dans les yeux, essayant de rétablir l'autorité qu'il était censé représenter et fronça les sourcils: "Est-ce que vous allez encore m'interrompre?"
Alice se permit un petit sourire contrit:
- Allez-y Dur... Monsieur Durand, je suis tout ouïe."

Avant-propos.

Avant de se lancer, je crois qu'il est d'utile de préciser l'idée qui réside derrière cette démarche (littéraire?).

C'est plutôt un flux d'idée et de circonstance qui m'amènent aujourd'hui à laisser mes phalanges s'ébattre sur le clavier...

Tout d'abord un désir profond d'écrire... de donner forme à ce maelstrom d'images, de situations, de personnages qui m'habite. Désir de "raconter", de "transporter" le lecteur dans un "ailleurs", un "autrefois" ou même dans un "longtemps en avant"...
Cette envie a pû trouver un espace d'expression avec l'Atelier Ananta mais les choses de la vie et ses "priorités" ne m'ont pas permis (et ne permettent pas encore) de vraiment me donner le temps de "m'exprimer"...

Là, Emmanuel D. qui rencontrait le même genre de contrainte temporelle a eu l'idée géniale des "Atomes de fiction", idée qu'il développe depuis peu sur son blog.
Cette idée rejoint un peu un essai d'écriture quotidienne que j'avais fait il y environ une dizaine d'année. Essai qui n'avait finalement tenu que deux jours :-/

Donc la raison d'exister de ce blog est simplement l'envie de "faire l'effort" d'écrire de la fiction régulièrement...

Pour le moment je ne mettrai pas trop de contraintes, mais l'évidence même sera sans doute le caractère bref de ces embryons.

Auront-ils une suite logique?
Un lien entre eux?
Formeront-ils un tout?

Je n'en sais encore rien, mais on verra bien.