21.11.07

Intermède... #1

Alice entra dans la pièce en roulant sur elle-même et termina sa course contre une armoire. Restant acroupie, elle prit position et braqua son arme sur la seule issue visible. Une porte dont le battant était grand ouvert lui faisait face. Un "voile d'été" en coquillage oscillait au gré du vent, dévoilant par intermitence la terrase en fer forgé et la circulation de l'avenue en contrebas.

Alice appuya sur le bouton du comm fixé à sa gorge et murmura:
- Deux en position. R.à.s.
- Ok Valdez, vous restez en stand-by le temps que le reste de l'équipe soit "ready to go".

La voix de Carmain était légèrement altérée par les ondes mais elle percevait sans peine l'anxiété du boss.
- Bien compris Six, je reste en stand-by.

Ce coup-ci elle n'allait pas se la jouer "cavalier seul", elle n'avait aucun désir de donner le moindre prétexte à Carmain. Cet enfoiré n'attendait que ça.

Un bruit métalique l'interrompi dans ses réflexions. Elle tenta de discerner un peu mieux la terrasse mais le vent jouant dans les coquillages l'en empêchait. A droite de la porte il y avait un évier rempli de vaisselle plus ou moins sale et derrière, une fenêtre qui donnait sur la rue. Si seulement elle pouvait se faufiler jusque là elle aurait un bon point de vue sur la terrasse. Un autre son parvint jusqu'à elle. Etait-ce un pas résonnant sur le croisillon de la terrasse?

- Deux à Six. Quelqu'un de chez nous sur la terrasse ? demanda Alice tout bas.

Pas de réponse. Elle essaya à nouveau:

- Deux à commandement. Vous me recevez ?

A part le grésillement des ondes, rien.

- Valdez à l'équipe. J'entends du bruit sur la terrasse, je vais me déplacer vers la fenêtre située dans le quart nord-est de pièce. Pas d'agents dans les parages?

Aucun accusé de réception, silence radio.

Avant de bouger Alice vérifia la radio fixée à sa ceinture, le voyant était au vert le canal correspondait, tout était en ordre. Pourquoi pas de contact avec les autres alors ?

Tenant toujours son arme pointée vers la porte elle se redressa un peu tout en restant courbée. Elle se déplaça alors latéralement jusqu'à ce qu'elle touche le mur opposé. Posant avec soin les pieds sur le plancher elle avança, pas à pas, vers la fenêtre. L'écouteur dans son oreille se mit alors à crachouiller: "Mouvement! Mouvement au premier étage! Cible potentielle en mouvement!"

- De deux. C'est moi les gars, on se calme. Je vous ai prévenu que j'allais...

Les coquillages cliquetèrent violement quand une silouhette massive s'engoufra au travers.

Alice tourna aussi vite qu'elle le put son pistolet vers l'intru mais elle avait été surprise et avant qu'elle ne l'aligne la forme avait traversé la pièce et bondissait dans le salon. Elle hurla:

- Police plus un geste! Restez où vous êtes et levez les mains en l'air!

Un fracas de meubles renversés lui répondit, puis presque aussitôt à nouveau le silence seulement ponctué par le bruit étouffé de la circulation automobile.

- Valdez qu'est-ce qui se passe bordel? Le hurlement de Carmain dans l'écouteur fit grimacer Alice.

- De Valdez à commandement: un individu non identifié a surgit de la terrasse. Je crois qu'il est planqué dans le salon.

- Vous l'avez laissé passer devant vous sans rien faire? Vous vous foutez de moi Valdez?

Alice se mordit la langue pour ne pas l'envoyer vertement sur les roses et répondit en chuchotant:

- Il m'a surprise en plein mouvement. Mais je vais me le faire dans un instant Six.

- Deux, vous ne bougez pas! Vous m'entendez Valdez? Vous ne bougez pas! Quatre et Cinq arrivent. Vous bloquez cette issue en les attendant, mais ne vous avisez pas de bouger! C'est bien compris ? Confirmez Valdez!

Elle enrageait. Non seulement il l'a rendait responsable de l'incident, mais en plus il la relèguait au rôle ingrat de support. Elle avait pourtant fait ce qu'il fallait. Communiqué le mouvement suspect avant de bouger, demandé plusieurs fois confirmation mais sans recevoir de réponse à cause de cette satanée radio... Elle regarda à nouveau l'appareil à sa ceinture, tout était au vert. Alice inspira lentement, raffermi sa prise sur le pistolet et tout en commençant à bouger tritura les boutons de la radio en prononçant quelques murmures inintelligibles.

- La réception est mauvaise Deux, répétez!

Alice ignora les injonctions de Carmain et se prépara à entrer dans le salon.

20.5.07

On parle des Embryons...

Le dernier numéro (147) du bimestriel Le Carnet et les Instants (dans sa rubrique "Littérature et Internet") évoque ce blog.
Merci à Daniel Arnaut pour son avis construit et objectif...
Pour ce qui est du but recherché par ce blog...
hem... je ne revendique rien du tout... si ce n'est (comme expliqué dans l'Avant-propos) une envie, un besoin (?) d'expression... littéraire (?).

Pour le moment, c'est vrai, je ne "m'exprime" moins régulièrement... mais je me soigne. ;-D

Merci aussi à Emmanuel D. (cfrpour +d'info).

24.4.07

Ananta.be "LE" site...

Juste un petit message pour mettre en évidence un fait qui ne l'était peut-être pas pour la plupart d'entre vous...
A savoir : le "passage au bleu" du site phare Ananta.be... changement de look, implication plus importante de certains des membres de l'Atelier, publications régulières (commentaires de lectures, coups de gueules, news, productions personnelles,...) : un genre de renouveau...
Donc n'hésitez pas à cliquer sur Ananta.be ou sur le lien (dans la barre à droite), et n'ayez pas peur de laisser une trace de votre passage (un avis, un commentaire,...).

Bonne lecture(s)...

16.4.07

Rencontre... #5

Un bruit lointain, semblable aux grondements de flots tumultueux interrompit Mia dans son introspection. Une légère vibration remonta le long de ses terminaisons nerveuses. L'intensité vibratoire augmenta, se transforma en mouvement. Mia avait l'impression d'être bercée, puis ballotée de plus en plus fort. Finalement le calme revint.
Elle gisait à nouveau au coeur de son être, presque paisiblement, essayant de retrouver la sérénité de sa recherche intérieure.
Soudain un claquement métallique. Là tout près, à l'extérieur.
La vibration reprit, s'intensifia à nouveau. Comme la première fois elle cessa aussi soudainement qu'elle avait commencée. Mais une sensation nouvelle l'avait remplacée.
Un soufflement, comme une respiration saccadée.
Un courant d'air chaud effleura son visage. La sensation de chaleur s'intensifia. Mia avait l'impression que son ses pommette brulantes allaient s'enflammer, sa peau se craqueler puis s'émietter avant de se répandre en cendre.
Mais rien de tout cela ne se produisit. Derrière ses paupières fermées, Mia perçut une lumière vive. Si intense que malgré le rideau de chair qui les protégeait ses yeux se remplirent de larmes.
Elle cilla, hésitant sur la marche à suivre. Devait elle ouvrir les yeux? Devait-elle au contraire les maintenir fermés afin de se protéger de cette intrusion lumineuse?
"Sacré nom de dieu!"
La voix la prit au dépourvu.

Perdu!

Si ces lignes s'imprimment sur vos rétines humides, elles sont la preuve que ce blog n'est pas "mort"...
Si ces lignes sont lues, elles rempliront leur rôle et vous feront part de ma profonde déception personnelle... si si je vous assure.
Déception qui n'a pour source que mon incapacité à respecter les délais que je m'étais fixés.
"Un embryon par semaine... au moins"

"Perdu!"

Dois-je compter les semaines manquantes? Neuf! 9! Presque dix!

Bon, comme il est vain et stérile de s'appitoyer sur son sort... voici tout de suite un embryon tout chaud... il dormait depuis ces neuf semaines dans la boite à l'état de brouillon.

Je ferai ce que je peux pour respecter le rythme mais le plus simple et le plus honnête serait tout simplement de dire que la suite viendra dès qu'elle le pourra...

8.2.07

Rencontre... #4

Le silence. La fraîcheur.
Les "plic" que produisaient les gouttes tombant du plafond rocheux résonnaient dans l'espace confiné la grotte. Chacun de ces sons se répercutant sur les parois donnait une idée de la dimension du lieu. Une cave de deux mètres sur deux, sans doute pas plus.

Des bruits nouveaux s'ajoutèrent au métronome aqueux. Des petits coups sourds qui gagnaient en intensité. Un raclement suivi d'un grincement métallique. Une porte?

Un rai de lumière souligna soudain les limites d'une trappe dans le plafond. Le rai s'agrandit quand la trappe coulissa bruyamment sur le sol. Une silhouette se dessinait maintenant au-dessus de le lui dans la luminosité éblouissante.

- Enfin réveillé à ce que je vois? Pas trop tôt!"
Une voix féminine, jeune. Pas d'accent, occidentale?
Il voulut répondre, mais sa voix lui fit l'effet d'un croassement guttural:
- Hmrrr... réveillé? Oui. Mais perdu. Où sommes-nous et qui êtes-vous?"
- Questions bien naturelles sergent-chef Tomson. Si vous voulez bien vous donnez la peine de gravir les échelons qui nous séparent pour me rejoindre, je vous expliquerai tout ça." Avait-il bien perçu une nuance de moquerie condescendante dans la voix?
Il se redressa en étouffant un gémissement de douleur. Tous ses muscles lui faisaient mal. Il avait l'impression d'être passé sous un rouleau-compresseur. Maudissant ses courbatures il grimpa à l'échelle. Quand il arriva au niveau du sol une main se tendit pour l'accueillir. Il n'hésita qu'un instant et la saisit. Une poigne ferme, rugueuse, l'aida à franchir le dernier pas.
- Capitaine Katarina Rostoï, enchantée." cette fois nulle trace d'ironie, juste de la franchise.
- Sergent-chef Allan Tomson, mais il me semble que vous connaissez déjà mon nom." sa voix n'avait pas encore retrouvé son timbre naturel mais s'en approchait.
- En effet, après votre récupération nous nous sommes assurés de votre identité. Mais suivez-moi, vous devez avoir soif et faim peut-être?"
Maintenant qu'elle en parlait, il lui semblait que son dernier repas remontait à une éternité. Combien de temps était-il resté dans le cirage? Et comment ces gens l'avaient-il récupéré?

24.1.07

Rencontre... #3

- Je ne suis pas sûr de bien te suivre. Tu peux me répéter ça encore une fois?" la voix de Nori avait des résonances métalliques très prononcées dans les aigus. Mais c'était après tout bien normal avec un faisceau si faible et à une si grande distance de la source.
Phil soupira bruyamment. Décidément ce job à l'origine tout simple prenait un tour pour le moins inattendu.
- Ok, mais c'est bien parce que c'est toi. Ca n'est pas très compliqué en fait. Tu me demande d'aller à la périphérie te chercher un certain paquet. Je me tape la route, je rencontre ton pote, qui, je me permets quand même de te le faire remarquer est un gars au demeurant assez louche. Ton pote me file le truc et je me re-tape la route pour te ramener ton paquet. Je fais le convoyeur quoi, comme d'hab. "
- Ben oui mon Philou, comme d'hab. Je vois vraiment pas où ça coince."
Le visage de son vis-à-vis reproduit à la perfection affichait un sourire pincé de circonstance, la mauvaise fois pixelisée en trois dimensions, parfaite.
- Là où ça coince mon colon c'est qu'à peine sorti de la porte de transfert, la douane me tombe dessus aussi sec. Là où ça coince c'est que contrairement à la routine habituelle, mes codes déplombés ne les ont pas trompés. Qu'avant que j'ai eu le temps de dire ouf, ces empaffés m'encadraient sur leur console de tir et m'envoyaient une semonce carabinée."
- Tu as toujours le paquet au moins?"
- Je suis en train de t'expliquer que ta combine foireuse a failli me coûter la peau et toi tu t'inquiète pour ton foutu paquet!" fulmina t'il à l'attention de l'hollophone. "ça n'a pas été évident mais j'ai réussi à les semer... enfin j'espère."
- Je suis heureux que tu t'en sois tiré mon Philou, mais le paquet?" l'autre insistait.
- Tu peux arrêter de te faire du mouron, je l'ai ton paquet."
- Ah, je savais que je pouvais te faire confiance." le soulagement de Nori était évident.
- Mais...
- Quoi "mais"? Il n'est pas abîmé au moins?"
- Non pas du tout, mais..."
- Ecoute Phil si le paquet est endommagé, je préfère que tu me le dises tout de suite."
- Tu vas arrêter de m'interrompre tout le temps Nori! Ton paquet va bien, il est intact, sanglé bien au chaud à fond de cale. Ce que j'essaye de dire c'est que ça va te coûter plus cher que prévu."

22.1.07

Rencontre... #2

Le jour s'était levé sur un Bren complètement abattu. La nuit avait été longue, trop longue. Bren, épuisé avait été repris au petit matin. Il avait réussi à tenir ses poursuivants à distance jusqu'aux premières heures de l'aube. Triste consolation.

Il gisait, fourbu, dans la geôle qu'il avait quitté la veille au soir. Le nez dans le foin moisi qui lui servait de couche il flottait dans un demi-sommeil proche de la torpeur.
Tout ça n'avait aucun sens. C'était, la troisième fois qu'on laissait la porte de sa prison ouverte. La troisième fois qu'il tentait sa chance. La troisième fois qu'ils le reprenaient et le ramenaient là. Bren commençait à douter de la réalité de ce qu'il vivait. Il était proche du précipice bienfaiteur de la folie pure. L'oubli de la raison et de ses tourments dans le non-sens total et complet.
Un raclement sur le sol de pierre lui fit lever la tête. Une écuelle de bois avait glissé dans un coin de la pièce obscure. Bren suivi des yeux le chemin emprunté par sa pitance depuis la porte. Son regard buta sur une paire de bottes. Il remonta le long d'un pantalon de cuir usé, passa sur le justaucorps pourpre et se fixa sur le visage. La lumière tremblotante de la lanterne fixée au plafond masquait d'ombres dansantes la face du geôlier. Un nez cassé, apparemment plus d'une fois, dépassait de cet îlot de noirceur. De part et d'autre de l'appendice nasal la luminosité inégale révélait l'éclat d'un regard fixé sur lui. Le geôlier le regardait avec détachement, comme si Bren n'était qu'un animal, le sujet d'une étude distraite.
L'homme émit un grognement et hocha la tête en direction de l'assiette en bois. Bren ne fit pas un mouvement se contentant de rendre son regard à l'incarnation de son malheur. Cette dernière grogna à nouveau et agita un bras vers l'écuelle. Bren ne réagit pas continuant de fixer l'homme. Le geôlier fit un pas en avant, s'accroupit et ramassa le récipient. Il se redressa, porta l'assiette à sa bouche et sortant la langue mima un chien lapant sa pitance. Il sourit, dévoilant une dentition pleine de vide et recommença sa pantomime, s'esclaffant de plus belle.
Bren était trop atterré pour répondre d'une manière ou d'une autre. L'arrivée de ce nouveau personnage dans son drame personnel le laissait pantois.
Un clown, un pitre, le fou du roi gesticulant et culbutant avec le tintement de ses clochettes n'aurait pas suscité plus d'effet dans l'esprit dévasté de Bren.
L'homme voyant le peu de réaction de son public arrêta son manège. L'hilarité quitta son visage, ses lèvres se pincèrent en une moue déçue et d'un geste aussi brusque que soudain il lança l'écuelle sur Bren. Elle manqua son visage de peu, l'éclaboussant de son contenu. Le geôlier fit volte face et quitta la pièce en claquant la porte derrière lui.
Bren, lui, n'avait toujours pas esquissé le moindre mouvement.
Il oscillait, au bord du gouffre béant du désespoir.